Page:Jules Mary - Les écumeurs de guerre.djvu/53

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
51
LES ÉCUMEURS DE GUERRE

trompe pas. Mort ou vivant, il perdra le papier. Mieux vaut le restituer de son vivant et courir la chance de le reconquérir plus tard. De son bras laissé libre, il tire un portefeuille et le tend.

— Voilà !

C’est le sachet confié par Simon… Et à travers la minceur du cuir léger, Jean-Louis palpe l’enveloppe et les cachets de cire.

Il dit : « Merci ! » en ricanant, victorieux.

D’un coup de crosse du revolver, il l’étourdit, se relève, et comme Nicky Lariss revient à la vie et fait quelques mouvements, il l’envoie d’un coup de pied contre la muraille, le long des vitrines dont les glaces se brisent avec un bruit retentissant. Il fuit, d’abord au hasard. Déjà la ville s’emplit de rumeurs, de vociférations lointaines… Il écoute, les pulsations du cœur suspendues… Ce sont des pas rudes et rythmiques qui ébranlent le silence de la cité conquise et des vociférations, des chants de guerre victorieux. Il murmure, voix tremblante et yeux pleins de larmes.

— Ils entrent… c’est leur armée…

Maintenant, il n’a plus qu’un but, rejoindre le chemin de Bétheny, la maison de Cyrille Leduc et s’enfuir, s’il est encore possible et si les routes ne sont pas coupées.

Il fait un long détour, s’arrête pour s’assurer qu’on ne le poursuit pas.

Le soleil brille. Dans les rues mortes, il entrevoit deux hommes qui courent.

Ce sont eux, et le meunier se dit :

— J’aurais dû les tuer. C’eût été plus simple !

Un frisson lui court dans le dos, jusqu’à la nuque.

— S’ils te prennent, c’est douze balles, tu n’y couperas pas !

Coup sur coup deux sifflements chantent à ses oreilles.

Il tourne, retourne, revient sur ses pas, se retrouve