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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

Alors la femme se fit plus douce encore et plus prévenante vis-à-vis des jeunes filles.

Elle expliquait :

— Je fais partie d’une œuvre dont le but charitable est de s’intéresser aux rapatriées qui sont, comme vous, isolées et sans ressources. En quelle région occupée étiez-vous ? De quel pays d’Allemagne venez-vous ?

Elles donnèrent quelques détails. Elles n’avaient nul soupçon. Et devant ce visage qui leur souriait avec bonté, nulle défiance ne pouvait naître.

La femme se retourna vers les deux hommes sur le seuil et fit un clin d’œil.

Le clin d’œil signifiait :

— Vous ne vous êtes pas trompés… Ce sont elles…

Après quoi, pleine d’une compassion attendrie :

— Je m’appelle madame Camille, dit-elle… J’aurai soin de vous… Vos malheurs sont finis et désormais vous ne manquerez plus de rien… à une condition toutefois…

Les jeunes filles relevèrent la tête.

Mme Camille ajoutait :

— C’est que vous travaillerez… Je suppose, n’est-ce pas, que c’est bien votre intention ?

— Comment pourrions-nous vivre, madame, si nous ne gagnions pas notre vie ?

— Je me charge de vous procurer du travail… Ce n’est pas ce qui manque et les femmes sont bien payées, quand elles n’ont pas peur de durcir leurs petits doigts…

Elles montrèrent, d’un même geste, un peu craintif, leurs mains :

— Les Allemands nous ont appris à nous en servir.

— Oui, vous êtes courageuses, cela se voit, mais vous êtes fatiguées autant par votre long voyage que par tant d’émotions depuis que vous êtes sur le sol de France… Vous vous reposerez pendant quelques jours.