Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/123

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avoir abjuré, refusaient en mourant les sacrements de l’Église[1].

Il y avait pourtant des relaps et des conversions au protestantisme, malgré l’atrocité des supplices. Il fut décidé qu’on remettrait aux ministres la liste des nouveaux convertis, et qu’ils seraient chargés eux-mêmes de les expulser des temples, s’ils tentaient d’y revenir[2]. Un ministre permettait-il à un apostat repentant d’entrer furtivement dans un prêche ? Le ministre était interdit, le temple rasé. Au contraire, les catholiques avaient le droit d’entrer dans les temples pendant les offices, pour voir quelles personnes y venaient, quel langage on y tenait[3]. On fuyait, on quittait la patrie pour la foi. Mais la fuite même devint un crime. Les ouvriers furent menacés des galères[4] ; les chefs de famille encoururent la confiscation de corps et de biens. Les ventes d’immeubles faites moins d’un an avant le départ, furent déclarées nulles et frappées de confiscation[5]. Les dénonciateurs en eurent la moitié [6]. La délation devint un métier. Les legs faits aux pauvres protestants furent attribués aux hôpitaux les plus voisins. Les possesseurs des anciens legs furent tenus de les rapporter. On promit en échange que les hôpitaux ainsi enrichis, ne fermeraient pas leurs portes aux malades protestants[7].

En même temps, par un odieux contraste, on comblait les nouveaux convertis. On les exemptait pendant deux ans à partir de l’abjuration du logement des gens de guerre[8]. On leur accordait un répit de trois ans pour payer leurs dettes envers les catholiques[9]. Quant à leurs dettes envers les protestants, ils n’y étaient plus obligés depuis 1663 ; leur abjuration leur tenait lieu de quittance géné-

  1. Déclaration du 29 avril 1086.
  2. Arrêt du Conseil, 17 juin 1682.
  3. Déclaration, 22 mai 1683.
  4. Déclaration du 18 mai 1682.
  5. Déclaration du 14 juillet 1682.
  6. 20 août 1685.
  7. Déclaration du 15 janvier 1683.
  8. Ordonnance du 11 avril 1681.
  9. 18 novembre 1680.