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Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/267

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étouffa ses réclamations, qu’on traita de scrupules sans importance. L’autre aventure du légat fut encore plus cruelle. Il avait sacré solennellement à Notre-Dame, le dimanche des Rameaux, quatre nouveaux évêques : du Belloy, promu de l’évêché de Marseille à l’archevêché de Paris ; Cambacérès, frère du conventionnel, nommé à l’archevêché de Rouen ; Bernier, nommé à l’évêché d’Orléans, et Pancemont, curé de Saint-Sulpice, nommé à l’évêché de Vannes[1]. Il était charmé de la pompe de la cérémonie et de l’excellence des sujets. « Plût à Dieu, écrivait-il à sa cour, que ceux qui restent à nommer fussent entièrement semblables ! » Mais dès le lendemain, il apprenait la nomination de vingt-deux nouveaux évêques, parmi lesquels sept constitutionnels. « J’ai aussitôt réclamé auprès du premier consul, écrit-il au cardinal Consalvi ; j’ai parlé, j’ai fait parler : mes observations, mes prières, mes larmes, tout a été infructueux[2]. »

Restait une troisième question : celle des biens du clergé en France, et du domaine de Saint-Pierre en Italie. Consalvi n’avait introduit ses réclamations au sujet des trois légations qu’après la conclusion du traité et au moment même de prendre congé du premier consul. Caprara était spécialement chargé d’insister sur ce point. Pie VII écrivit de sa main au premier consul : « Nous vous prions de penser à l’absolue impossibilité de subsister ou se trouve la souveraineté de notre principat temporel, oppressée comme elle l’est par des charges immenses, privée presque entièrement des subsides avec lesquels l’étranger contribuait autrefois au maintien et à l’honneur du chef de la religion…. Les subventions à donner à soixante-dix cardinaux, aux

  1. L’abbé Bernier et M. de Pancemont, employés tous deux à négocier la démission des anciens évoques, reçurent secrètement, le premier 20 000 fr., le second 50 000. {fiorresyondance de Napoléon Ier, l. VII, p. 269 et t. VIII, p. 99.) L’abbé Bernier devait eu outre obtenir le chapeau de cardinal, mais on n’osa pas le comprendre dans la promotion de 1802.
  2. Lettre du 18 avril 1802.