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CHAPITRE VIII.

Après la chute de l’empire, le christianisme est de nouveau une puissance, et recommence les persécutions.


La décomposition rapide de l’empire romain, et la fondation des royaumes barbares qui se partagèrent l’Europe, ne laissèrent subsister presque rien de ce qui avait constitué le monde antique ; l’Église seule survécut et s’agrandit au milieu de tant de ruines. Pendant que les premiers empereurs envoyaient contre les barbares des armées démoralisées et vaincues d’avance, les évêques faisaient pénétrer parmi eux d’obscurs apôtres qui répandaient partout la doctrine évangélique. L’Église gagnait plus de fidèles que Rome ne perdait de sujets. Une doctrine simple, une morale pure, la supériorité des lumières, un dévouement héroïque, assuraient le triomphe de ces premiers missionnaires qui portaient au milieu des barbares, en même temps que l’Évangile, les précieux débris de la civilisation. À l’autorité spirituelle qu’ils exerçaient sur leurs catéchumènes se joignit bientôt, par une conséquence naturelle, une influence d’un autre ordre ; et ils en vinrent peu à peu à prendre auprès des rois barbares la place que leur avait donnée Constantin à la cour impériale. Mais les temps étaient changés : l’Église n’était plus en présence d’un pouvoir unique ; elle avait devant elle des rois indépendants les uns des autres, et qui tous, reconnaissant sa mis-