Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/86

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signalèrent le règne de son fils : l’édit du 15 juillet 1557, prononçant la peine de mort contre la profession, même secrète, du protestantisme ; l’édit du 14 novembre 1559, ordonnant de raser les maisons où se seraient tenus des conventicules ; l’édit de novembre 1560, prescrivant la signature d’une formule sous peine du feu. En 1559, Henri II vint siéger au Parlement sans être attendu. C’est cette fameuse séance où il provoqua des rigueurs contre les protestants, et où Faur et Anne du Bourg furent, par ordre du roi et en sa présence, arrêtés jusque sur les fleurs de lis, et conduits à la Bastille pour la courageuse liberté de leur vote[1]. On sait que du Bourg, neveu d’un chancelier de France, et qui passait, à trente-huit ans, pour l’exemple et la lumière du Parlement, fut pendu et étranglé en place de Grève, et son corps jeté dans le feu[2]. Mais ce n’est ni l’emportement du

    sent à sa connoissance : et dit-on que ç’a été le premier qui a montré le chemin de ces brûlements. » (Brantôme, François Ier.)

  1. Du Bourg fut arrêté par le comte de Mongomery, le même qui tua Henri II par accident quelques jours après. Le prince de Condé prétend dans ses mémoires (Michaud et Poujoulat, t. VI, p. 546), que le roi, le matin même du jour où il fut blessé, « avait baillé commission à Mongomery, pour aller au pays de Caux contre les luthériens, immédiatement les tournois finis : par laquelle il l’autorisait de mettre au fil de l’épée tous ceux qui lui feraient résistance, et ceux qui seraient atteints et convaincus ou confessants, leur faire donner la question extraordinaire, couper la langue, et brûler après à petit feu. Et à ceux qui seraient soupçonnés, leur faire crever les deux yeux. » Il ne faut pas oublier que c’est un ennemi qui parle.
  2. François II écrivit au parlement le 22 décembre 1559 : « De par le roy. Nos amés et féaux, nous avons grande occasion de mal contentement de voir telle longueur en la vuydange et expédition des procès pendants en notre cour de parlement, contre les conseillers détenus pour le fait de religion ; et mesmement en celuy du conseiller Dubourg. Et pour ce que nous désirons qu’il y soit mis une prompte fin, nous vous mandons et ordonnons très expressément, etc. » Le lendemain, Anne du Bourg fut condamné à mort et exécuté. — On lit dans l’Estoile (collection Michaud, t. Ier de la 2e série, p. 14) : « Henri II fut blessé mortellement vis-à-vis de la Bastille, où étaient détenus prisonniers quelques conseillers, et entre autres Anne du Bourg, que ledit roi avait juré qu’il verrait brusler de ses deux yeux. »