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Page:Jules Vallès - L'Enfant.djvu/127

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allons, la dernière bouchée ! J’espère que tu t’es régalé ?… »


C’est que c’est vrai ! On achetait un gigot au commencement du mois, quand mon père touchait ses appointements. Ils en mangeaient deux fois ; je devais finir le reste — en salade, à la sauce, en hachis, en boulettes ; on faisait tout pour masquer cette lugubre monotonie ; mais à la fin, je me sentais devenir brebis, j’avais des bêlements et je pétaradais quand on faisait : prou, prou.


Le bain ! — Ma mère en avait fait un supplice.

Heureusement elle ne m’emmenait avec elle, pour me récurer à fond, que tous les trois mois.

Elle me frottait à outrance, me faisait avaler par tous les pores, de la soude et du suif, que pleurait un savon de Marseille à deux sous le morceau, qui empestait comme une fabrique de chandelles. Elle m’en fourrait partout, les yeux m’en piquaient pendant une semaine, et ma bouche en bavait…

J’ai bien détesté la propreté, grâce à ce savon de Marseille !


On me nettoyait hebdomadairement à la maison.

Tous les dimanches matin, j’avais l’air d’un veau. On m’avait fourbi le samedi ; le dimanche on me passait à la détrempe ; ma mère me jetait des seaux d’eau, en me poursuivant comme Galatée, et je devais comme Galatée — fuir pour être attrapé, mon beau