Page:Jules Vallès - L'Enfant.djvu/145

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pleure. Est-ce que je pleure ?… C’est de voir que tu as fait cela, toi, tout petit ! Déjà si fier… »

Elle s’éponge le nez et les cils.

Moi, j’ai envie de jeter des pierres dans les carreaux en m’en allant ; un peu plus, je lui en casserais pour ses cinq francs.


À cheval !

Mon oncle m’attend demain. Quelques-uns de ses paroissiens venus pour la foire doivent repartir en bande ; ils m’emmèneront. L’un d’eux a justement acheté un cheval. Je le monterai et nous irons en caravane à Chaudeyrol.

Le rendez-vous est chez Marcelin.

Marcelin tient une auberge dans une rue du faubourg. Il a la réputation à dix lieues à la ronde pour le vin blanc et les grillades de cochon.

Il y a, quand on entre, une odeur chaude de fumier et de bêtes en sueur, qui avance, comme une buée, de l’écurie. Dans la salle où l’on boit, on sent le piquant du vinaigre cuit, versé sur la grillade, et qui mord les feuilles de persil.

Il y a aussi les émanations fortes du fromage bleu.

C’est vigoureux à respirer, et c’est plein de montant, plein de bruit, plein de vie.

On dit des bêtises en patois, et l’on se verse le vin à rasades.

Je joue avec une paire de vieux éperons qui rôdent sur la table, et je soupèse de gros bâtons cravatés de