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Les jours de classe moyenne, quand je suis en bourgeois citoyen, je rentre brisé.


NOS BONNES


Nous avons une bonne, — il paraît que mon père gagne de l’argent.

Il donne la répétition en tas ; il prend six ou sept élèves qui lui valent chacun vingt-cinq francs, et il leur dit pendant une heure des choses qu’ils n’écoutent pas ; à la fin du mois il envoie sa note, — et il se fait avec cette distribution de participes, entre les deux classes, une assez jolie somme par trimestre.

Les répétés ont moins de pensums et flânent pendant ces va-et-vient dans les corridors. C’est pendant ce temps-là que s’écrivent ou se dessinent sur les murs et sur les tableaux, des farces contre les professeurs, ou les pions, — le nez de celui-ci, les cornes de celui-là, avec des vers de haute graisse au fusain. On en met de raides, et la femme du censeur est gênée quand elle passe.

Nous la regardons à travers des trous, des fentes : elle est bien jolie, bien fraîche ; elle a épousé le censeur parce qu’il avait quelques sous, puis qu’il sera proviseur un jour. — C’est ce que j’ai entendu marmotter à ma mère qui ajoute aussi qu’elle s’habille mal.

« Si c’est ça, la mode de Paris, j’aime encore mieux celle de cheux nous. »

Cela est lancé à la paysanne, d’un ton bon enfant,