Page:Jules Vallès - L'Enfant.djvu/264

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Une fantaisie, un essai ! comme la Metternich mit un serpent en bracelet.

« Qu’est-ce que cet oiseau fait là, » demande-t-on ?

Il y en avait qui auraient préféré le bec en l’air, le chose en bas.

Ma mère faisait la mignonne, agaçant le bec de la bête comme s’il était vivant.

« Ti… ti… le joli petit-toiseau, c’est mon toiseau ! »

Mon père a obtenu qu’elle laissât l’oiseau sur le chapeau, — le joli toiseau !

Mais pour les nœuds, comme il avait voulu y toucher une fois :

« Antoine, avait répondu ma mère, suis-je une honnête femme ? Oui ou non ! Tu hésites, tu ne dis rien ! Ton silence devient une injure !…

— Ma chère amie !

— Tu me crois honnête, n’est-ce pas ?… Jamais tu n’as pu soupçonner que Jacques, notre enfant, provenait d’une source impure, était un fruit gâté, avec un ver dedans ?

— Avec un ver dedans ? reprend-elle. Eh bien, aie confiance. Ta femme a un soupçon de coquetterie, peut-être, — nous sommes filles d’Ève, — que veux-tu ? Mais aie confiance, Antoine. Si j’allais trop loin, — je suis ignorante, moi ! — tu aurais le droit de me faire des reproches ; mais, non !… Et ne prends pas pour les hommages d’une flamme coupable, les politesses qu’on fait à un brin de toilette et de bon goût. »

Elle tape sur sa jupe et taquine un des nœuds