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Page:Jules Vallès - L'Enfant.djvu/283

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brasse je ne sais quoi, un bout de fichu, je crois, que j’ai pris au cou de la pauvre assassinée.


« Veux-tu lâcher cette saleté ! »

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Ma mère se précipite sur moi. Je serre le fichu contre ma poitrine ; elle se cramponne à mes poignets avec rage.

« Veux-tu le donner !

— C’était à Louisette…

— Tu ne veux pas ? — Antoine, vas-tu me laisser traiter ainsi par ton fils ? »

Mon père m’ordonne de lâcher le fichu.

« Non, je ne le donnerai pas.

— Jacques ! crie mon père furieux. »

Je ne bouge pas.

« Jacques ! » Et il me tord les bras.

Ils me volent ce bout de soie que j’avais de Louisette.

« Il y a encore une saleté dans un coin que je vais faire disparaître aussi, dit ma mère. »

C’est le bouquet que me donna ma cousine.

Elle l’a trouvé au fond d’un tiroir, en fouillant un jour.

Elle va le chercher, l’arrache et le tue. Oui, il me sembla qu’on tuait quelque chose en déchirant ce bouquet fané…

J’allai m’enfermer dans un cabinet noir pour les maudire tout bas ; je pensais à Bergougnard et à ma mère, à Louisette et à la cousine…