Page:Jules Vallès - L'Enfant.djvu/303

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sirènes dans nos livres de mythologie tournaient leur queue, je pensais à Circé et à Hélène.

Il y avait le gémissement du trombone, le pleur du violon, le pchhh des cymbales, en notes sourdes comme des chuchotements de voleur, quand les musiciens entraient un à un à l’orchestre, et essayaient leurs instruments.


Lorsque mademoiselle Masson était en scène, j’oubliais que madame Devinol était là.

Elle s’en apercevait bien.

« Tu l’aimes plus que moi, n’est-ce pas ?

— Non !… oui !… je l’aime bien. »


Madame Devinol était venue me prendre un peu plus tôt, certain jour, pour faire un tour, et nous flânions près du théâtre.

Nous croisons une dame en chemin.

« La reconnais-tu ?

— Qui ?

— Cette femme, là-bas, qui passe près du café, avec un mantelet de soie. »

Je regarde.

« Mademoiselle Masson ? »

Je ne suis pas encore bien sûr.

« Oui, mon Fernand, » fit Madame Devinol en riant…

Quelle désillusion ! Elle avait presque la figure d’un homme, puis trop de choses au cou : un fichu, une dentelle, un boa, — je ne sais quoi aussi en