Page:Jules Vallès - L'Enfant.djvu/314

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Il passait.

« Vous n’aimez pas ça ?

— Non, Monsieur !

— Vous mangiez peut-être des ortolans chez vous ? Il vous faut sans doute des perdrix rouges ?

— Non ; j’aime mieux le lard ! »

Il a ricané en haussant les épaules, et s’en est allé en murmurant : « Paysan ! »


Il donne des soirées, le dimanche ; on m’invite.

Je dis toujours : « Sacré mâtin ! » C’est une habitude ; elle me suit jusque dans son salon.

« Mossieu Vingtras, me crie-t-il d’un bout de la table à l’autre, où avez-vous été élevé ? Est-ce que vous avez gardé les vaches ?

— Oui, Monsieur, avec ma cousine. »

Il en perd la tête et devient tout rouge.

« Croyez-vous, Madame ! » dit-il à une voisine.

Et se tournant vers moi :

« Allez au dortoir ! »


Je suis dans la classe des grands, qui se fichent de moi tant soit peu, mais sans que ça me gêne ; qui ont l’air de faire les malins, et que je trouve bêtes, mais bêtes !… Il y a une gloire, un prix de concours ; il est maigre, vert, a comme la danse de Saint-Guy, se gratte toujours les oreilles, et cherche constamment à s’attraper le bout du nez avec le petit bout de sa langue.

Il y a une demi-gloire, — Anatoly.