Page:Jules Vallès - L'Enfant.djvu/316

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laquelle j’irai porter chez son concierge la copie qu’on me croit en train de finir.

Je flâne dans les rues pleines de femmes en cheveux ; elles sont si gaies et si jolies avec leurs grands sarraux d’atelier ! Je les suis des yeux, je les écoute fredonner, et je les regarde à travers les vitres déjeuner à côté de ciseleurs en blouses blanches et d’imprimeurs en bonnets de papier. C’est tout ce que je regarde.

Je n’ai pas envie de voir les monuments, quoiqu’il n’y ait plus de bagages pour m’en empêcher ; je trouve que toutes les pierres se ressemblent, et je n’aime que ce qui marche et qui reluit.

Je ne connais donc rien de Paris, rien que les alentours du faubourg Saint-Honoré, le chemin du lycée Bonaparte, la rue Miromesnil, la rue Verte, place Beauvau ; j’y rencontre beaucoup de domestiques en gilet rouge et de femmes de chambre, en coiffe, dont les rubans volent à la brise.


Le dimanche, nous allons en promenade.

Le plus souvent, c’est aux Tuileries, dans l’allée du Sanglier.

Ce Sanglier ! je le déteste, il m’agace avec son groin de pierre.

Je m’ennuie moins cependant, à partir du jour où M. Chaillu devient notre pion.

Il n’a pas la foi, lui ; il nous laisse nous éparpiller le dimanche, à condition qu’à six heures nous soyons là.