Cinq heures arrivent enfin. Je ne suis pas fou des chefs-d’œuvre et des monuments, décidément.
C’est à cinq heures que Lemaître nous rejoint. Lemaître est calicot et Matoussaint le tient en petite estime ; il ne comprend que les professions nobles. Cependant, comme Lemaître connaît des douillards et des rigolos, il l’accueille à bras ouverts.
Il arrive et l’on va prendre l’absinthe à la Rotonde, ou à la Pissote, où l’on espère rencontrer Grassot. « Oh ! voici Sainville ! — Non ! Si ! »
L’absinthe une fois sirotée dans le demi-jour de six heures, nous filons du côté du Palais-Royal, où l’on doit trouver les amis chez Tavernier. Ils se mettent toujours dans la grande salle, à la table du coin.
Nous dînons à trente-deux sous.
Les calicots, camarades de Lemaître, sont avec leurs petites amies, bien chaussées, toutes gentilles, et qui rient, qui rient, à propos de tout et de rien…
Et comme c’est bon ce qu’on mange !
Purée Crécy, côtelettes Soubise, sauce Montmorency. À la bonne heure ! Voilà comment on apprend l’histoire !
Ça vous a un goût relevé, piquant, ces plats et ces sauces !
M. Radigon, le loustic de la bande, n’est pas pour toutes ces blagues-là.
« Garçon, un pied de cochon grillé… Pour faire des pieds de cochon, prenez vos pieds, grattez-les. »
On rit. Moi, je ne dis rien, j’écoute.