Page:Jules Vallès - L'Enfant.djvu/338

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sommes déjà empilés dans la voiture. Le cocher attend.

« Nous n’allons pas coucher dans le fiacre, n’est-ce pas ? Voilà un an que tu es à Paris, et tu ne sais pas encore où mener ta mère, tu ne connais pas un endroit où descendre ? »

Je connais la Sorbonne ? — Le Sanglier ? — Est-ce qu’on lui ferait un lit aux Hollandais ?

« Allons, c’est moi qui vais te conduire ! Ah ! les enfants. »

Elle me pousse vers la portière.

« Appelle le cocher ?

— Cocher ! »

Il arrête et se penche.

« Connaissez-vous l’Écu-de-France ?

— C’est à Dijon, ça, ma bourgeoise !

— Dans toutes les villes, il y a un hôtel qui s’appelle l’Écu-de-France.

— Connais pas ici ! »

Relevant son châle sur ses épaules, prenant son sac de voyage d’une main, elle empoigne la portière de l’autre, et saute à terre.

« Je ne resterai pas une minute de plus dans cette voiture.

— Comme vous voudrez, mes enfants ; j’aime pas trimbaler du monde qui est si chose que ça ! Payez l’heure, et voilà vos malles. »

Nous payons, — et l’histoire d’Orléans, de la place de la Pucelle, de Nantes et du quai, recommence. Nous sommes debout devant des colis et des cartons