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IV

LA PETITE VILLE


La porte de Pannesac.

Elle est en pierre, cette porte, et mon père me dit même que je puis me faire une idée des monuments romains en la regardant.

J’ai d’abord une espèce de vénération, puis ça m’ennuie ; je commence à prendre le dégoût des monuments romains.

Mais la rue !… Elle sent la graine et le grain.

Les culasses de blé s’affaissent et se tassent comme des endormis, le long des murs. Il y a dans l’air la poussière fine de la farine et le tapage des marchés joyeux. C’est ici que les boulangers ou les meuniers, ceux qui font le pain, viennent s’approvisionner.


J’ai le respect du pain.

Un jour je jetais une croûte, mon père est allé la ramasser. Il ne m’a pas parlé durement comme il le fait toujours.