sur le banc où je le voyais jadis en allant en classe, puis un nègre en guenilles qui avait des enfants à qui l’on faisait la charité.
Quel silence ! on dirait qu’on est dans une campagne.
Je lève les yeux vers la fenêtre de notre appartement.
Mon père est là, maigre, l’air chagrin, immobile.
Il me repoussait quand j’étais petit, et qu’on me jetait dans ses bras pour un baiser.
Aussi, chaque fois qu’il y a la solennité d’un départ ou d’une retrouvée, est-ce un embarras pour nous deux !
Il m’offre à embrasser, cette fois, une face pâle, un front de pierre.
Je n’ose pas.
Ma mère nous pousse un peu, j’avance le cou, il tend le sien. Mes cheveux l’aveuglent et sa barbe me pique, nous nous grattons d’un air de rancune tous les deux.
On monte les escaliers sans dire un mot.
Mon père arrive par derrière ; on dirait une exécution à la Tour de Londres.
Si l’on exécutait tout de suite, — mais non — mon père prend des temps de solennité.
C’est le latin. — C’est le souvenir des pères qui assassinent leurs fils dans l’histoire : Caton, Brutus. Il ne pense pas à m’assassiner, mais au fond, je suis sûr qu’il se trouve lâche, et il voudrait que son fils, que Bruticule lui en sût gré ; et chaque fois que je