Page:Jules Vallès - L'Enfant.djvu/369

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« Oui, m’sieu, il y a un bonhomme là-haut.

— Bonhomme, bonhomme, (dit le professeur qui est myope, et n’a pas vu ce qui pend au plafond), mais c’est aussi le Dieu de la Bible. Sa droite est terrible ! »

Le mot ne lui a pas déplu, cependant.

« J’aime cette familiarité, tout de même, » disait-il en sortant de la classe. « Il y a un bonhomme là-haut !… Ce cri d’un enfant pour désigner Dieu ! »

Il en a parlé en haut lieu.

« Qu’en dites-vous, monsieur le proviseur ? N’est-ce pas l’enfant qui ne sait rien, parlant comme le vieillard qui sait tout ? — Oui, il y a un bonhomme là-haut ! »


À la classe suivante il s’adresse de nouveau à Badigeot et commence en lui rappelant le mot :

« Il y a un bonhomme là-haut ? »

— Non, m’sieu, il n’y est plus. »

Il tenait mal et il est tombé.


MON ÂME


Le professeur m’a mis aux facultés de l’âme.

Les autres n’y sont pas encore, il fait cela pour moi.

Ce n’est qu’après Pâques qu’on sait comment l’âme est faite dans ce collège-ci.

Il y a sept facultés de l’âme.