ces jardins en panier, ces moissons en sac. Ces chariots avaient l’air des voitures de fête dans les mascarades italiennes, avec leur monde d’enfarinés et de pierrots à dos d’Hercule !
Là-haut, tout là-haut, est l’école normale.
Le fils du directeur vient me prendre quelquefois pour jouer.
Il y a un jardin derrière l’école, avec une balançoire et un trapèze.
Je regarde avec admiration ce trapèze et cette balançoire ; seulement il m’est défendu d’y monter.
C’est ma mère qui a recommandé aux parents du petit garçon de ne pas me laisser me balancer ou me pendre.
Madame Haussard, la directrice, ne se soucie pas d’être toujours à nous surveiller, mais elle m’a fait promettre d’obéir à ma mère. J’obéis.
Madame Haussard aime bien son fils, autant que ma mère m’aime ; et elle lui permet pourtant ce qu’on me défend !
J’en vois d’autres, pas plus grands que moi, qui se balancent aussi.
Ils se casseront donc les reins ?
Oui, sans doute ; et je me demande tout bas si ces parents qui laissent ainsi leurs enfants jouer à ces jeux-là, ne sont pas tout simplement des gens qui veulent que leurs enfants se tuent. Des assassins sans courage ! des monstres ! qui, n’osant pas noyer leurs