Scène 7e
ÉTAMINE. — Quel bruit ! quel vacarme !
BAPTISTE (à Isidore). — Embrasse-moi, mon doux ami.
ÉTAMINE. — Eh bien ! Baptiste !
BAPTISTE. — Nous sommes les meilleurs amis du monde !
ÉTAMINE. — Vous allez vous faire mordre.
BAPTISTE. — Lui, me mordre, il me mangerait plutôt ! je n’ai jamais rencontré d’homme mieux élevé. Voyez, mademoiselle. (Isidore relève la table et apporte une chaise à Étamine) Est-on plus galant ?
(Isidore offre sa patte à Étamine)
ÉTAMINE (effrayée). — Oh !
BAPTISTE. — N’ayez pas peur, je suis sûr qu’il va vous faire la cour !
ÉTAMINE. — Vous n’êtes pas dans votre bon sens Baptiste.
BAPTISTE (avec noblesse). — Par les castagnettes de mon aïeul ! ne suis-je pas là pour vous défendre ! souffrirais-je qu’un manant vint à vous manquer !… Étamine, Mademoiselle Étamine, est-ce que ma vie ne vous appartient pas !
ÉTAMINE. — Il déraisonne ! me voici entre un singe et un fou !
BAPTISTE. — Toute mon existence vous est vouée !… je ne donne pas un coup de balai sans penser à vos petites mains blanches ! je ne cire pas un parquet, sans songer à votre joli pied andaloux.
ISIDORE (à part). — Attends, attends ! moi aussi j’ai un pied !
BAPTISTE. — Oh ! jeune fille, je vous aime ! comme Gastibelza aimait dona Étamine ! — d’ailleurs, votre beauté de colombe ! le Roi le disait à son neveu ! Dansez villageois ! le vent qui vient à travers la montagne ! m’a rendu le mont Falou.
ISIDORE (lui donnant un coup de pied). — Tiens ! — il le falou !
BAPTISTE. — Holà ! (nouveau coup de pied) holà !… qu’est-ce qui lui prend ? c’est un tic !… (il fait le tour de la chambre poursuivi par les coups de pied d’Isidore) Assez ! assez ! Corbleu ! morbleu ! ventrebleu ! un descendant des Las… il est enragé !
(Isidore l’envoie dans la coulisse d’un dernier coup de pied)
(Étamine rit aux éclats)