VAN CARCASS : employé au muséum de Rotterdam
ÉTAMINE : sa fille
BAPTISTE : son domestique
ISIDORE, dit : de CHIMPANZÉ
Scène 1ère
(Au lever du rideau, il est seul et cire le plancher interrompant son travail et se redressant avec fierté)
Quoi ! sortir peut-être de l’une des premières familles d’Espagne, et en être réduit à entrer en qualité de domestique chez un conservateur de muséum ! Descendre des Ducs de Las Pirouettas y Guimbardo y Tambour de Basco de la Cibouletta et monter sans cesse de la cave au grenier ! c’est affreux ! servir un homme qui vit au milieu des animaux empaillés ! Destin fatalité ! amère dérision ! (il cire avec rage) Après cela, le Docteur Van Carcass, mon maître, a une fille bien jolie, Mademoiselle Étamine ! Vraiment la Reine eût près d’elle été laide ! je l’aime, cette jeune fille, dont l’enfance s’est passée au milieu des squelettes d’animaux de toutes sortes ; pourquoi ne m’aimerait-elle pas ? (il serre le balai contre sa poitrine) Sous ce balai bat un cœur d’homme ? Oui ! un cœur chaud bat ! c’est-à-dire, non ! un cœur bat chaud ! non ! enfin n’importe ! (il s’avance sur le devant de la scène) Ah si j’étais en Espagne, jeune fille, si j’avais un justaucorps avec des crevés autres que ceux-ci (il montre sa souquenille usée). Si je portais le haut-de-chausse de mes ancêtres… Je te chanterais une sérénade.