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ce qui arrive pour certaines maladies éruptives telles que la rougeole, la variole, etc.

La confusion et l’obscurité des symptômes se révèlent enfin dans la série des maladies chroniques dont les manifestations visibles sont souvent des plus faibles et parfois même nulles ; rien ne doit étonner ici et il ne faut pas oublier, quoique cela paraisse invraisemblable, qu’il est certain que de même qu’un sujet s’habitue au plaisir, il s’habitue aussi à la souffrance. L’économie s’accoutume insensiblement à être incommodée ; les fonctions troublées en un point sont suractivées en un autre, et c’est grâce à cet admirable balancement fonctionnel, que l’on peut expliquer la vie de certains animaux présentant à l’autopsie des lésions chroniques qui auraient forcément déterminé une mort prompte et inévitable si elles étaient survenues subitement.

On comprend que dans de pareilles circonstances le praticien ne pouvant remarquer aucun signe, bien que se trouvant en présence d’un malade, est autorisé à dire : pas de symptômes, pas de maladie.

Les difficultés qui se présentent pour surmonter les nombreux obstacles que je viens de citer indiquent suffisamment qu’on ne saurait jamais prendre trop de précautions avant de se prononcer sur une maladie donnée. Il faut souvent savoir temporiser et ne pas oublier qu’il est toujours préférable de rester dans l’incertitude que de porter un jugement faux ou prématuré. Le sot et l’ignorant seuls ne sauraient douter.