d’un bon œil que je partageasse avec un
autre des faveurs dont il ne pouvait pas
jouir aussi souvent qu’il l’aurait voulu ;
je désirais donc plutôt que je n’espérais
de trouver l’occasion de former une
liaison secrète, mais j’étais bien résolue
de la saisir si elle venait se présenter.
J’étais dans ces dispositions d’esprit,
lorsqu’un matin me promenant dans
mon jardin, j’aperçus à travers une
grille qui donnait sur la campagne, un
jeune homme vêtu d’un uniforme, et
dont l’air et la taille svelte me charmèrent ;
par un mouvement involontaire
je m’approchai de la grille, pour mieux
le considérer. Il traversait un sentier
dont la direction oblique l’approchait
insensiblement de l’endroit où j’étais.
Arrivé en face de la grille, ses yeux se
portèrent de mon côté ; et je crus remarquer
que ma figure l’avait frappé, car il
s’arrêta et resta quelque temps à me
considérer ; ensuite, par un mouvement
assez décidé, il quitta le sentier, s’approcha
de la grille, et me saluant avec une
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