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Page:Julie Philosophe, 1886.djvu/119

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malheurs. Toujours dupe de lui-même et des circonstances, il s’imagine que les sensations qu’il éprouve, les sentiments qui l’affectent ne peuvent changer, qu’il aura toujours les mêmes désirs, les mêmes goûts, les mêmes affections, et c’est d’après ce faux principe qu’il règle toutes ses actions ; il ignore que le cœur humain éprouve autant de variations que la fortune a de vicissitudes, que ce qui nous cause de plaisir aujourd’hui nous deviendra demain à charge ou insipide, qu’enfin, de nos affections les plus chères, peuvent découler une foule de désagréments et de maux.

Cette grande vérité m’était encore inconnue ; aussi le lecteur ne sera pas étonné de la facilité avec laquelle je me résolus à quitter la vie aisée et agréable dont je jouissais, pour aller mener une vie incertaine et vagabonde avec un militaire, du cœur duquel je n’étais pas bien assurée, et dont je ne connaissais encore que trop imparfaitement le moral. La reconnaissance même qui aurait dû

  
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