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leurs, il est peu d’hommes qui, portés par un puissant motif à faire un pareil défi, ne désirent pas secrètement qu’il ne soit point accepté. Cependant si le temps avait un peu diminué de mon exaltation, je n’eus pas la bassesse de me démentir ; l’amour-propre et la haine suppléèrent à ce qui me manquait en enthousiasme, car quoique je n’eusse jamais vu ma rivale, je la détestais déjà de tout mon cœur. Ces deux passions me soutinrent dans ma résolution, je passai la nuit à m’y affermir par toutes les considérations qui pouvaient avoir du poids sur mon esprit et bannir ce sentiment naturel qui soulève nos organes contre l’idée de l’atteinte qu’ils vont être exposés à recevoir.

Dès que je fus habillée, je sortis seule et me rendis dans un endroit écarté que j’avais indiqué à ma rivale ; elle ne tarda pas de paraître : c’était une assez belle femme, grande et bien découplée ; nous nous considérâmes quelque temps en silence. Je cherchais

  
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