pas étonnée de l’avoir manquée, car
j’avais tiré machinalement et sans ajuster
mon coup. Alors ma rivale dirigea contre
moi son arme, l’abaissant presqu’au
même instant : je pourrais vous tuer,
me dit-elle, mais je ne veux pas priver
le monde d’une personne aussi jolie et
aussi courageuse. En achevant ces
mots, elle pousse un éclat de rire, et
jetant au loin son pistolet, elle court à
moi et m’embrasse en me disant :
Avouez, ma chère, que les femmes ne
sont pas faites pour ces sortes de combats,
et qu’il vous en a beaucoup coûté
pour surmonter cette crainte si naturelle
qu’un danger imminent doit causer à
un sexe dont la faiblesse est l’apanage.
Cependant cet effort même que vous
avez fait, est digne d’admiration, et il
m’eût été impossible de l’imiter. Ma
rivale, voyant ma surprise, m’apprit que
les deux pistolets n’avaient été chargés
qu’à poudre, qu’en acceptant mon défi,
elle n’avait voulu que se divertir et voir
jusqu’à quel point l’amour et la ven-
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