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Page:Julie Philosophe, 1886.djvu/141

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ras où je me trouvais, au milieu de cette troupe militaire dont le langage m’était absolument inconnu ; cependant je fis bonne contenance, et comme je n’avais encore rien à reprocher aux Prussiens, que leurs manières passablement dures et grossières, je pris un air gai et commençai à boire et à manger comme eux, sans paraître intimidée de me trouver en si nombreuse compagnie. Les compagnons de Mars se livraient sans réserve aux plaisirs de la table ; le vin coulait à grands flots dans leurs verres ; il ne leur coûtait que la peine de l’aller chercher au cellier de mon hôtesse qui en avait une abondante provision. Bientôt cette liqueur communiqua aux Prussiens une joie excessive qui se manifesta par des chansons bachiques et tout ce qui annonce une douce exaltation des esprits, et comme Bacchus et Vénus se tiennent ordinairement par la main, plusieurs d’entr’eux commencèrent à me regarder avec des yeux où brillait la concupiscence ; ce signal du désir