Page:Julie Philosophe, 1886.djvu/28

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 18 —


derniers justifie bien leur faiblesse. Que d’assauts ne sont pas livrés à leur innocence ! Enfants, des petits garçons leur offrent sans cesse les preuves de la différence des sexes ; plus grandes, des laquais les endoctrinent ; et telle surveillance que les parents apportent à leur éducation, il est presque de toute impossibilité que dans les grandes villes les jeunes filles à dix ans ne soient pas parfaitement instruites de ce qu’elles brûlent de connaître. Je me ressouviendrai toujours qu’à peine j’avais cet âge qu’aux chastes côtés de ma mère un homme en passant dans la rue me déposa dans la main le gage non équivoque de sa virilité.

J’étais fort inquiète de savoir si Darmancourt viendrait encore me donner des leçons ou s’il se déterminerait à me laisser tranquille sur la manière de les donner ; car j’étais bien résolue à ne pas être l’élève qu’il voulait faire ; le surlendemain de sa visite, il m’écrivit pour me demander pardon de ses méfaits et