Que veux tu, ma chère Julie, me
répondit-il, l’inconstance est sans doute
dans la nature, puisque je l’éprouve ;
nos goûts, nos affections sont passagers
comme toutes les choses de ce monde ;
je t’aime encore, mais ce n’est plus de
cet amour qui exaltait mes sens d’une
manière si délicieuse ; l’homme se dégoûte
même du bonheur, et la variété
des plaisirs, l’attrait piquant de la nouveauté
peuvent seuls lui procurer une
félicité continue. Au reste, ne crois point
que je t’abandonne ; si mes goûts changent,
mon cœur ne change jamais, il
s’intéressera toujours à toi, et tu peux
compter sur la continuation de mes
secours.
Je vis bien qu’un changement annoncé du ton de la plaisanterie, était trop réel pour que je pusse espérer de faire revenir M. de Calonne sur ce point ; je pris le parti de traiter de mon côté la chose aussi plaisamment. — Eh bien, Monsieur l’inconstant, lui dis-je, si nous ne sommes plus amants, j’espère que nous