dire avec le passé. Non, ce n’est qu’au
sein de sa patrie, au milieu de ses concitoyens
qu’on peut goûter un bonheur
parfait ; on a beau être fixé depuis une
longue suite d’années parmi un peuple
étranger, jamais on ne se fait à ses
mœurs, à ses usages, à ses opinions ;
celles dont on a été imbu dans sa jeunesse
paraissent toujours préférables ;
jamais on ne se livre à des étrangers avec
autant de confiance, d’effusion de cœur
qu’à ses compatriotes ; un Français surtout
qui a l’âme plus aimante, le caractère
plus doux, plus liant, ne peut être
parfaitement heureux que parmi des
Français.
Aussi éprouvai-je le plus vif sentiment de joie en mettant le pied sur la terre de France, sur cette terre chérie que j’avais quittée depuis plusieurs années. Après m’être arrêtée deux jours à Calais pour savourer le plaisir de me retrouver parmi mes compatriotes, je pris la poste pour Paris. Pour plus de commodité, et vu qu’il eût pu paraître singulier de voir