se développe, où le corps s’électrise, où
l’âme s’élance pour se rapprocher des
êtres qui lui sont analogues ; c’est alors
que la créature qui ressemble le plus à
l’être fantastique que l’on s’est formé sera
chérie, adorée. Faute de la rencontrer,
cette créature, on aime trop pour aimer
quelque chose ; on finit par n’aimer plus
rien de terrestre pour s’élancer vers un
être de raison, et l’on s’attache au créateur
parce qu’on n’a pu rencontrer encore
dans son ouvrage un objet sur lequel
on pût déposer ses affections. Voilà
justement pourquoi les jeunes filles
aimantes et sensibles commencent par
aimer Dieu, et voilà pourquoi je devins
dévote.
À dix-sept ans j’aimais Dieu : le Dieu qu’une mauvaise éducation et l’ignorance avaient imaginé. Je l’aimerais encore s’il parlait à mes sens, et si l’on m’apprenait à le connaître. Mais afin de mettre de l’ordre dans ma narration, suivons peu à peu mon amour pour Dieu et ensuite pour son ouvrage.