Aller au contenu

Page:Julie Philosophe, 1886.djvu/321

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 311 —


Mon libérateur (car c’était lui) m’apprit qu’il était chirurgien, qu’ayant passé sur la Grève avec un de ses élèves, lorsque toute la populace était retirée, ils avaient eu l’idée de me décrocher et de me conduire chez lui pour faire de moi un sujet d’anatomie ; qu’ils n’avaient pas eu de peine à engager un cocher de fiacre à les seconder ; quand arrivant chez lui et m’ayant examinée, il avait cru remarquer en moi quelques signes de vie, qu’il m’avait aussitôt donné des secours, que son zèle avait encore augmenté en reconnaissant que j’étais une femme, victime sans doute innocente de la fatale prévention d’un peuple trop violemment aigri ; que ses efforts ayant eu le plus heureux succès, il s’applaudissait sincèrement d’avoir rendu à la vie et à l’État une personne qui lui paraissait aussi digne de vivre.

Je remerciai mon libérateur. Comme j’étais encore faible, il me fit mettre dans son lit ; il alla chercher une bouteille de vin dont il me fit prendre quel-