Mon libérateur (car c’était lui) m’apprit
qu’il était chirurgien, qu’ayant passé sur
la Grève avec un de ses élèves, lorsque
toute la populace était retirée, ils avaient
eu l’idée de me décrocher et de me
conduire chez lui pour faire de moi un
sujet d’anatomie ; qu’ils n’avaient pas
eu de peine à engager un cocher de
fiacre à les seconder ; quand arrivant
chez lui et m’ayant examinée, il avait
cru remarquer en moi quelques signes
de vie, qu’il m’avait aussitôt donné des
secours, que son zèle avait encore
augmenté en reconnaissant que j’étais
une femme, victime sans doute innocente
de la fatale prévention d’un peuple
trop violemment aigri ; que ses efforts
ayant eu le plus heureux succès, il s’applaudissait
sincèrement d’avoir rendu à
la vie et à l’État une personne qui lui
paraissait aussi digne de vivre.
Je remerciai mon libérateur. Comme j’étais encore faible, il me fit mettre dans son lit ; il alla chercher une bouteille de vin dont il me fit prendre quel-