Page:Julie Philosophe, 1886.djvu/352

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 342 —

Le Comte de Mirabeau est laid, c’est-à-dire que ses traits ne sont point ceux qui caractérisent la beauté, mais il règne sur toute sa physionomie cette expression sans laquelle la beauté elle-même n’est rien ; elle couvre entièrement la laideur. Le génie brille dans ses yeux, et l’auteur des Lettres de cachet subjugue autant par ses regards que par ses discours. C’est la figure d’un homme libre, et elle doit plaire à quiconque aime la liberté ; son air, sa démarche, tout annonce en lui des principes grands, mâles et élevés ; enfin ses dehors correspondent avec la hauteur de sa pensée ; à le voir autant qu’à l’entendre, on se dit : voilà l’ennemi juré du despotisme.

Cette énergie qui caractérise le Comte, ne se manifeste pas moins au physique qu’au moral ; c’est un Démosthène dans la tribune aux harangues, c’est un Hercule dans la lutte amoureuse, et s’il sait lancer les traits les plus forts contre le despotisme, il ne décoche pas avec moins de vigueur ceux de l’amour.