vu avec assez d’indifférence ce changement.
Le patriotisme m’ayant surtout
unie à lui, les doutes que j’avais formés
sur la pureté du sien, n’avaient pas peu
contribué à augmenter cette indifférence.
Lorsque je me séparai de lui, je le fis
donc sans ce vif regret qui accompagne
ordinairement la séparation, même instantanée
de deux amants. Ce que me
dit M. Vander Noot, de la part que le
Comte avait eue aux journées des 5 et 6
octobre, en détruisant la base sur laquelle
ma tendresse pour lui était fondée, détruisit
aussi cette tendresse ; ainsi mes
relations avec lui ne pouvaient plus être
un obstacle à ce que j’en formasse d’autres.
D’ailleurs, l’âge et l’expérience, en
m’éclairant sur les hommes, en me convainquant
de leur inconstance naturelle,
m’avaient fait adopter un système et des
règles de conduite d’après lesquelles je
savais goûter les plaisirs de l’amour sans
en éprouver les disgrâces. J’étais assurée
que c’est une folie d’aimer les
hommes autrement qu’ils ne veulent et
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