Page:Julie Philosophe, 1886.djvu/38

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 28 —


livre des destinées que ce qui pour les autres est un objet d’utilité ou un moyen de salut, deviendra pour moi une école de débauche ou une cause de damnation. Le père Jérôme vint assiduement m’endoctriner ; mais trompant mon attente, les yeux toujours baissés et l’air très sévère, il me réprimandait avec beaucoup d’éloquence sur mes doutes dont je ne lui célais jamais la moindre chose. L’hypocrite ne négligea rien pour me faire revenir de la première opinion que j’avais conçue de lui ; il y réussit, et lorsqu’il fut assuré de l’empire que sa prétendue autorité lui avait obtenu sur moi, il commença son cours de libertinage.

D’abord il n’était que mon directeur, ensuite je le choisis pour mon confesseur. Quoique j’eusse l’esprit assez délié, j’avais encore toute la candeur et la franchise de mon âge. Bientôt le père Jérôme devint le dépositaire de toutes mes pensées et de mes affections les plus secrètes ; je lui racontais toutes mes actions ;