Page:Julie Philosophe, 1886.djvu/425

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 415 —


moi, les jeux innocents de l’amour s’accordent mal avec les jeux terribles de la guerre, et il est rare que celui qui court moissonner des lauriers ne néglige pas les myrtes qu’il a cueillis. L’amour veut dominer en maître, et il n’est plus qu’une passion secondaire dans le cœur d’un jeune héros.

J’étais plongée dans ces réflexions, lorsque j’en fus distraite par la vue d’un ermite qui, à genoux devant une croix de pierre qui bordait la route, paraissait absorbé dans une profonde méditation ; j’étais près de lui, qu’il ne semblait pas encore avoir entendu le bruit de mon cheval. Je m’approchai, et lui frappant doucement sur l’épaule : Mon père, lui dis-je, excusez-moi si je vous trouble dans votre prière, mais je me trouve égarée et je vous serais obligée de me dire où je suis et à quel endroit aboutit cette route. — Mon fils, me répondit l’ermite avec douceur, vous vous trouvez dans les Ardennes : la route que vous tenez conduit à Spa. Vous me