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larmes roulaient dans ses yeux, et son âme paraissait éprouver le choc d’un sentiment fortement douloureux. — Hélas ! me dit-il, en poussant un profond soupir, si vous avez à gémir sur la perte d’un ami, au moins vous n’êtes pas la cause de sa mort ; vous n’avez rien à vous reprocher. Vous trouveriez mon sort bien plus à plaindre que le vôtre, si vous saviez que j’ai causé celle de ce que j’avais de plus cher, d’un ami que j’aimais tendrement, et d’une maîtresse que j’adorais : il n’est pas de jour que ce souvenir ne m’arrache les regrets les plus cuisants, et lorsque vous m’avez trouvé devant cette croix, triste monument de la scène la plus tragique, j’implorais le ciel pour lui demander pardon d’une faute qui, quoiqu’involontaire, ne me rend pas moins coupable à mes propres yeux. C’est sur le lieu même de cette scène où tout me retrace mon malheur, que je vais tous les jours offrir au Tout-Puissant mon repentir et le tribut de mes larmes au sort de ma maîtresse et de mon ami.