Aller au contenu

Page:Julie Philosophe, 1886.djvu/438

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 428 —


ces temps fortunés, où fier et heureux de mon amour et de la tendresse de ma chère Emilie, je passais avec elle les plus agréables moments dans la douce attente d’un hyménée qui devait mettre le comble à notre félicité ! Mais, hélas ! que les événements qui suivirent cette heureuse époque m’en rendent en même temps le souvenir amer ; personne n’était plus près que moi du bonheur suprême, personne n’en fut plus rapidement éloigné par des revers aussi cruels qu’inattendus.

Pourquoi la beauté fait-elle impression sur d’autres âmes que celles qui sont dignes de la rendre heureuse, d’être heureuses par elle ? Pourquoi des hommes pervers qui montrent en tout l’endurcissement du crime, l’insensibilité la plus odieuse, éprouvent-ils l’ascendant d’une passion fondée sur la sensibilité ? Et pourquoi dans les affreux écarts où les entraîne un sentiment fougueux, la vertu devient-elle leur victime, et le bonheur qui attendait deux