ces temps fortunés, où fier et heureux
de mon amour et de la tendresse de ma
chère Emilie, je passais avec elle les plus
agréables moments dans la douce attente
d’un hyménée qui devait mettre le
comble à notre félicité ! Mais, hélas ! que
les événements qui suivirent cette heureuse
époque m’en rendent en même
temps le souvenir amer ; personne n’était
plus près que moi du bonheur suprême,
personne n’en fut plus rapidement
éloigné par des revers aussi cruels
qu’inattendus.
Pourquoi la beauté fait-elle impression sur d’autres âmes que celles qui sont dignes de la rendre heureuse, d’être heureuses par elle ? Pourquoi des hommes pervers qui montrent en tout l’endurcissement du crime, l’insensibilité la plus odieuse, éprouvent-ils l’ascendant d’une passion fondée sur la sensibilité ? Et pourquoi dans les affreux écarts où les entraîne un sentiment fougueux, la vertu devient-elle leur victime, et le bonheur qui attendait deux