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Page:Julie Philosophe, 1886.djvu/445

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il prit congé d’un air froid, et en sortant il me regarda d’une manière qui me prouva assez combien il m’en voulait d’être plus heureux que lui. Emilie y fit aussi attention, et elle en parut alarmée. Je m’efforçai de la rassurer : le Comte vous aime, lui dis-je ; il voit en moi un rival favorisé, il ne peut donc que me haïr ; mais comme malgré sa fierté, il a sans doute des sentiments d’honneur, je ne puis croire qu’il tente rien qui soit contraire à ce qu’il vous doit et à ce qu’il se doit à lui-même. Cependant pour éviter tout désagrément et en même temps pour délivrer Emilie des poursuites du Comte, nous résolûmes de ne point attendre l’expiration du deuil pour nous unir, et nous en arrêtâmes le jour : je quittai Emilie plus convaincu que jamais de sa tendresse.

Le jour suivant j’étais à peine levé, qu’un homme vint me dire qu’une personne demandait à me parler sur le rempart ; j’ignorais ce que ce pouvait être, mais comme la crainte n’a jamais eu