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Page:Julie Philosophe, 1886.djvu/471

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seigneur était d’une figure désagréable, sa qualité seule d’aristocrate eût suffi pour me le rendre odieux ; je reçus donc ses tendres avances d’un air froid, pour ne rien dire de plus ; comme le Chevalier avait autant de présomption que de laideur, il ne se rebuta pas, et feignant de ne pas s’apercevoir de mon peu de disposition à répondre à ce qu’il appelait sa flamme, il continua à pousser sa pointe.

Les obstacles, les difficultés, surtout lorsqu’elles sont imprévues, changent souvent un goût léger en une véritable passion ; c’est ce qui arriva. Le chevalier qui n’avait eu sans doute d’abord pour moi qu’un faible caprice qu’il croyait aisé de satisfaire, prit sérieusement de l’amour ; partout où j’allais, je le rencontrais sur mes pas ; l’expression de sa tendresse qui n’avait été d’abord que leste et fatuitement galante, devint humble et respectueuse, mais plus il s’efforçait de me plaire, plus mon aversion pour lui augmentait ; ses tendres assu-

  
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