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Page:Julie Philosophe, 1886.djvu/504

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qui connaît le monde, que ces poupées masculines qui n’ont d’autre éclat qu’un lustre emprunté, d’autre mérite que leurs titres et leurs richesses. Jérôme était l’enfant de la nature ; elle s’était plu à l’embellir de tous ses dons ; il est vrai qu’il était sans culture, qu’à peine il savait lire, mais un diamant brut n’en a pas moins un prix réel ; il peut devenir une pièce unique dans les mains d’un ouvrier habile, tandis que le stras fragile a beau être bien taillé, il n’a toujours qu’un prix factice ; c’est ce que je me disais en cédant à la force du charme qui m’entraînait vers Jérôme ; mais mes vues ne se bornaient point cette fois à former une liaison purement galante, je conçus un projet dont l’exécution devait assurer mon bonheur et ma tranquillité pour la vie. Les goûts changent avec l’âge ; depuis longtemps j’étais lasse de mener une vie errante, de passer sans cesse d’une main dans une autre, tantôt par inclination, tantôt par nécessité. Je résolus donc de faire une fin, et je crus