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Page:Julie Philosophe, 1886.djvu/61

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qui sans doute venait aussi faire sa petite offrande à ma mère qu’il croyait seule. Ah, te voilà, Julie, me dit-il ? où est ta mère ? Elle est avec M. Fargès. Seule, reprit Gilet ? que Diable font-ils  ? — J’étais loin de m’en douter.

Le Docteur, qui connaissait les femmes, savait que le meilleur moyen de calmer leur humeur était d’employer ces caresses dont malgré la perte de leurs charmes, les vieilles femmes se croient encore dignes. Le dirai-je ? sur ce même lit où il venait de sacrifier à l’amour dans les bras d’une jeune beauté, il donnait à ma mère ce dont je m’étais trouvé privée par sa subite apparition.

Qu’on juge de notre étonnement en voyant ce qui se passait : qu’on juge de ce que cette scène révoltante m’inspirait, et de la colère du pauvre père Gilet ! Il ne tenait qu’à moi de servir à sa vengeance, car déjà il me serrait dans ses bras, déjà sa main avait soulevé mon mouchoir, en même temps que le col