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LIVRE PREMIER.

se trouva confus d’une libéralité aussi extraordinaire. Il adressa au roi une lettre de remercîments conçue en ces termes :

« Hiouen-thsang a entendu dire que quiconque veut traverser un grand fleuve ou une mer profonde, a absolument besoin de bateau et de rames. La midtitude des nîortels est plongée dans Terreur, et, pour la guider dans le bien, il faut emprunter les paroles du Saint (du Bouddha). C’est pour cela que Jou-laî (le Tathâgata), montrant poiu* eux la tendresse d’im père, voidut naître (s’incarner) sur cette terre souillée de crimes. Il fit briller le Soleil de l* intelligence, et éclaira les peuples qui étaient enveloppés de ténèbres. Les nuages de sa bienveillance couvrirent le mont Soumérou, et la pluie de la Loi humecta les trois mille mondes. Après leur avoir prociu’é le bonhem* et la paix, il quitta le siècle et reprit sa pure essence (entra dans le Nirvana). Il légua aux honunes sa sainte doctrine qui s’est répandue dans l’est (en Chine), il y a plus de six cents ans. Elle a paru avec éclat dans les pays de Ou et de Lo, et a brillé conune un astre radieux dans les contrées de Thsin et de Liang.

« Ses instructions mystérieuses n’ont point dépéri, et, sous leur influence, tout le monde se livre à la vertu. Mais, comme des hommes des pays lointains étaient venus les traduire, les sons (des noms étrangers) et les interprétations des textes offraient de grandes différences. L’époque du Saint (du Bouddha) étant fort éloignée de nous, on remarquait dans le sens des livres, des contradictions et des erreurs. L’unité de la doctrine s’altéra.