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LIVRE TROISIÈME.

le grand Véhicule, et ne plus manger uniquement des trois aliments purs[1]. »

Alors ils firent construire une tour sacrée, y déposèrent le corps de l’oie (hañsa), et l’ornèrent d’une inscription, pour transmettre à la postérité le souvenir de son pieux dévouement. Telle fut l’origine de cette tour.

Le Maître de la loi visita pieusement tous ces monuments sacrés ; après quoi il revint au couvent de Nalan-t’o (Nâlanda), et pria le Maître Kiaî-hien (Çilabhadra) de lui expliquer le Yu-kia-lun (Yôgaçàstra). Cette conférence eut lieu en présence de plusieurs milliers d’auditeurs.

À peine le Maître avait-il fini d’exposer son sujet, qu’on vit, en dehors de la multitude, un Brâhmane qui poussait des cris et des gémissements, et qui, ensuite, se mit à parler et à rire.

On envoya un religieux lui en demander la cause. Il répondit : « Je suis originaire de l’Inde orientale. Un jour, sur la montagne de Pou-tse-kia (Poutchékagiri ?), je vis la statue de Kouan-iseu-ts’aUpoa-sa (du Bôdhisattva Avalôkitêçvara), et je formai le vœu de devenir roi. Le Bôdhisattva m’apparut en personne et m’adressa de sévères reproches. « Gardez-vous, me dit-il, de former un tel vœu ; dans la suite, en telle année, tel mois, tel jour, le Maître de la loi Kiaï-hien (Çilabhadra), du couvent de Nâlanda, expliquera, en faveur d’un reli-

  1. C’est-à-dire manger de toute sorte d’aliments, comme le fit Hiouen thsang. Voy. liv. II, pag. 50.