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LIVRE QUATRIÈME.

appelés Pien-ki (ou des Sâm̃khyîkas). Quoiqu’il ne parlât point de la nature (empruntée) qui naît du dehors, ni de la nature vraie qui naît d’elle-même, Sse-tseu-kouang (Sinharasmi) ne pouvait parvenir à le comprendre. Toutes les fois qu’il l’entendait discuter, il déclarait qu’il ne saisissait pas un seul de ses raisonnements. Seulement il disait que la nature vraie et parfaite par elle-même, telle que l’établit le Yu-kia (le Traité du Yôga), etc. devait être laissée de côté. Le Maître de la loi, pour rapprocher les deux doctrines (celle du Tchong-lan et du Pe-lun, et celle du Yôgaçâstra), et montrer qu’elles n’étaient point en contradiction, publia, en trois mille çlôkas, un ouvrage intitulé Hoeî-tsong-lun (ou Traité pour la concordance des principes). Quand il l’eut achevé, il le présenta à Kiaî-kien (Çîlabhadra) et à la multitude des religieux. Il n’y eut personne qui n’en fit l’éloge le plus pompeux et ne voulût le répandre et le proposer comme un sujet d’étude.

Sse-tseu-kouang (Sinharasmi) lut couvert de confusion et sortit sur-le-champ. Il alla dans le Couvent de l’Intelligence (Bôdhivihâra), et ordonna à un de ses condisciples de l’Inde orientale, nommé Tchen-ta-lo-^seng-ho (Tchandrasihha] y de venir avec lui et de discuter sur les points difficiles de la doctrine. Il espérait, avec son secours, effacer la honte dont il s’était couvert.

Mais quand ce religieux fut arrivé, il se sentit saisi de crainte et n’eut pas la force de proférer un seul mot. Cette circonstance ne fit qu’augmenter la réputation du Maître de la loi.