Page:Julien - Les Avadânas, contes et apologues indiens, tome 2.djvu/86

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qui n’ayant pu l’écraser à temps, se dit en lui-même : « Quand le maître a laissé tomber un crachat par terre, tous ces gens accourent et l’écrasent avec le pied. Je vais faire beaucoup mieux qu’eux. Quand il aura l’air de vouloir cracher, je lèverai le pied d’avance. » À peine avait-il fait cette réflexion, que le maître toussa et parut prêt à cracher. L’idiot leva aussitôt le pied et en frappa la bouche du maître de maison, dont il déchira les lèvres et brisa les dents.

« Pourquoi, lui dit le maître de maison, m’avez-vous blessé d’un coup de pied les lèvres et la bouche. »

— Voici comment, répondit l’idiot : « Lorsque vous n’aviez pas encore craché, j’ai levé le pied d’avance dans l’espoir de vous plaire. »