Page:Julien - Les Avadânas, contes et apologues indiens, tome 3.djvu/17

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Wang-Yun ordonna à Tiao-tchan de prendre ses castagnettes de santal, et de chanter à demi-voix.

Voici les paroles de sa chanson :

« Mes lèvres vermeilles ont l’incarnat de la cerise ;

« Mes dents ressemblent à deux rangées de perles ;

« Ma voix résonne comme la douce mélodie du printemps ;

« Ma langue parfumée darde une épée d’acier ;

« Je voudrais tuer les ministres pervers qui bouleversent l’empire. »

Quand elle eut fini de chanter, Tong-tcho ne put se lasser de faire son éloge et d’exalter sa grâce et ses talents. Wang-yun lui ordonna de présenter une coupe au premier ministre.

« Combien avez-vous de printemps ? lui demanda Tong-tcho, en prenant la coupe.

— J’ai vingt ans.

— En vérité, vous avez l’air d’une jeune immortelle.

— Seigneur, lui dit Wang-yun, après l’avoir salué deux fois, votre vieux serviteur désire offrir cette jeune fille à Votre Excellence ; mais il ignore si vous daignerez l’accepter.

— Si vous daignez me donner cette beauté divine, comment vous témoignerai-je ma reconnaissance ?

— Si elle obtient la faveur de vous servir, elle sera au comble du bonheur.

— Permettez-moi de vous remercier une seconde fois.

— Le ciel commence à s’obscurcir ; je vais faire apprêter un char mollement suspendu, pour conduire Tiao-tchan à votre hôtel. »

Tong-tcho se leva et lui adressa ses remercîments.

Dès que le char fut prêt, Wang-yun, précédant le char de Tiao-tchan, accompagna Tong-tcho jusqu’à la porte de son hôtel. Tong-tcho lui ordonna alors de se retirer.

Wang-yun montait un cheval blanc, et devant lui marchaient cinq ou six hommes qui lui servaient d’escorte.

Il était à peine éloigné de cent pas de l’hôtel du premier ministre, qu’il découvrit