Page:Julien - Les Avadânas, contes et apologues indiens, tome 3.djvu/38

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— Ce brigand faisait la cour à la femme que j’aime, et j’ai juré de le tuer.

— Excellent seigneur, vous avez tort. Jadis Tchoang-wang, roi de Thsou, avait invité ses vassaux à un festin qui avait lieu pendant la nuit ; il ordonna à sa concubine favorite de présenter le vin aux convives. Soudain, il s’éleva un vent impétueux qui éteignit toutes les lampes. Un des convives profita de l’obscurité pour embrasser la favorite. Celle-ci saisit la houpe de son bonnet, et dénonça cette liberté au roi de Thsou.

« Bah ! s’écria Tchoang-wang, c’est un badinage sans conséquence, qu’il faut imputer à la folie du vin ! » Sur-le-champ, il ordonna à un officier d’apporter un plat d’or et d’ôter les houpes de tous les bonnets, de sorte que personne ne put recon-