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Remarques sur ce tableau.

Les formes du singulier se rapprochent, pour beaucoup de verbes, des formes du même nombre au présent de l’indicatif. Toutes les formes de la première conjugaison sont dans ce cas, ainsi que celle en e muet du présent de l’indicatif de la seconde et troisième conjugaison.

Pour les autres formes (vinde, sinti et beûre) qui, au présent de l’indicatif, ont respectivement vind, sint et beûs, nous voyons s’introduire une s, caractéristique du subjonctif ; elles deviennent vinse, sinse et beûsse.

Cette s, que l’on trouve dans quelques formes du singulier, devient générale au pluriel, où toutes les conjugaisons la possèdent dans les terminaisons anse, ésse ou îsse, èsse. D’où vient cette sifflante si caractéristique ?

Nous croyons devoir l’expliquer ainsi :

Des quatre temps du subjonctif latin, deux seulement se sont transmis au français, étymologiquement parlant. L’imparfait et le parfait ont disparu.

Des deux autres temps, l’un, le présent, a donné des formes qui se sont peu à peu confondues avec les formes correspondantes du présent de l’indicatif. Et, comme le fait remarquer Burguy[1], cette confusion s’est surtout faite dans la vieille langue. L’établissement des règles fixes du français actuel a permis, par après, de mieux différencier les deux temps.

L’autre, le plus-que-parfait, est donc devenu, de par la disparition du présent comme temps du subjonctif, caractéristique de ce mode. Ce phénomène a été singulièrement facilité par le fait que le plus-que-parfait du subjonctif latin possédait un trait propre, bien saisissable à première audition, trait qui se retrouve dans les quatre conjugaisons ; je veux parler de la sifflante ss.

  1. Grammaire de la langue d’oil, I, p. 237.